Maxime Prévot au Cercle du Lac
Conférence - 8 décembre 2025
Maxime Prévot au Cercle du Lac : un « wake-up call » pour l’Europe
Hier, le Cercle du Lac a eu l’honneur d’accueillir Maxime Prévot, ministre belge des Affaires étrangères, pour un échange sans langue de bois sur les grands équilibres géopolitiques et économiques actuels.
L'assainissement budgétaire
Il a d’abord rappelé l’ampleur de l’effort budgétaire réalisé au niveau fédéral, avec un impact estimé à près de 32 milliards d’euros. Selon lui, l’enjeu n’est pas de « taxer plus », mais de « taxer mieux », en intégrant pleinement les défis du numérique et de la transition environnementale.
Enfin, il a évoqué les efforts budgétaires en cours : malgré les politiques d’assainissement des finances publiques, l’objectif reste ambitieux, avec la volonté de ramener le déficit autour de -4 %, contre une trajectoire proche de -6 %.
Les enjeux géopolitique mondiaux
L’intervention a également porté sur la perception américaine de l’Europe, notamment à traversla note de Donald Trump. Les accusations de recul de la liberté d’expression ou de déclin civilisationnel ont été décrites comme partiales : elles ciblent essentiellement les discours extrémistes et occultent la réalité d’une immigration qui constitue aussi une force de travail indispensable. Ce discours américain doit, selon lui, être compris comme un véritable signal d’alarme pour les Européens.
« Notre continent est celui qui décline le plus aujourd’hui si l’on regarde la dynamique globale », a-t-il affirmé, appelant à un sursaut collectif. Il a rappelé que depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Europe avait largement délégué sa sécurité militaire aux États-Unis, s’installant dans une forme de confort stratégique dont elle paie aujourd’hui le prix.
Le respect du droit international a été présenté comme un pilier essentiel, notamment pour la survie et la souveraineté des petits États comme la Belgique, dans un monde où « l’ordre établi est profondément secoué ».
Sur le plan énergétique, Maxime Prévot a alerté sur la fragilisation de l’autonomie européenne. Malgré les sanctions, les revenus énergétiques russes restent significatifs et une sortie brutale du gaz russe risquerait de déstabiliser l’économie européenne.
La question de l’autonomie alimentaire a également été soulevée, dans un contexte de recomposition des échanges mondiaux, marqués par le renforcement des liens avec l’Amérique du Sud, l’Inde et l’Afrique. Il a souligné que l’Afrique, autrefois tournée vers l’Europe pour l’aide au développement, se rapproche désormais davantage de la Russie et de la Chine.
Et en Europe ?
Ce basculement géopolitique s’accompagne, selon lui, d’une montée des extrêmes en Europe, alimentée en partie par des campagnes de déstabilisation et de propagande.
Concernant l’Ukraine, le message est clair : accepter une guerre préventive sans réagir créerait un précédent dangereux pour l’ordre international. « Si nous acceptons cela, qu’est-ce qui empêcherait d’autres pays d’agir de la même manière demain ? » a-t-il questionné, rappelant combien l’humiliation fut un terreau des conflits du XXe siècle.
En conclusion, Maxime Prévot a rappelé un paradoxe européen : l’Europe reste la première puissance économique mondiale sur le papier, mais cette force ne se traduit plus concrètement dans les rapports de force réels.















