🌍 De la performance à la robustesse : repenser notre rapport au monde

Nous vivons dans un monde où tout est optimisé : nos objets, nos systèmes, nos rythmes de vie. Pourtant, cette recherche constante de performance semble nous rendre… de plus en plus vulnérables. Lors d’une conférence récente organisée par le Cercle du Lac avec Olivier Hamant, une réflexion profonde a été menée sur les conséquences de cette suroptimisation et sur les pistes pour construire un monde plus robuste.

L’illusion de la performance : quand l’optimisation fragilise

La crise du COVID-19 a agi comme un révélateur. Le monde s’est mis à l’arrêt presque simultanément, démontrant à quel point nos sociétés sont interconnectées… et fragiles. Cette pandémie, qualifiée de syndémie, a mis en lumière un paradoxe : plus un système est performant, plus il devient vulnérable aux chocs.

Prenons un exemple concret :

👉 Pour réduire la consommation énergétique, on a créé des frigos plus économes. Résultat : ils sont devenus plus abordables, se sont multipliés, et au final, la consommation globale a augmenté. C’est ce qu’on appelle l’effet rebond.

Nous croyons faire un pas vers la sobriété, mais en réalité, nous renforçons la logique de consommation. Une forme d’auto-sabotage systémique, comparable à une maladie auto-immune.

La performance, une culture de la violence ?

Dans une société centrée sur la performance, la compétition devient la norme, souvent au détriment de notre bien-être. Qui gagne ? Ceux qui sont prêts à être les plus agressifs, parfois même envers eux-mêmes.

🔁 Résultat :

• Burn-out humains
• Épuisement des écosystèmes
• Tensions sociales croissantes

Les scientifiques sont formels : notre monde devient de plus en plus fragile. Crise climatique, pollution généralisée, perte de biodiversité, et en 2024, 70% de mortalité des abeilles. La trajectoire actuelle annonce des fluctuations encore plus marquées dans les années à venir.

Et si la coopération était la clé ?

Comment habiter un monde incertain ? En observant le vivant, nous découvrons des modèles inspirants.

🌳 Les arbres, les océans, les espèces animales… tous vivent dans un monde instable depuis des millions d’années. Leur réponse ? La coopération.

Dans les environnements pauvres en ressources, comme les océans, c’est la coopération qui domine. Et cela a également été vrai pour les premières formes d’organisation humaine : coopératives, associations citoyennes, entraide dans les entreprises.

Le monde numérique aussi est né de cette dynamique, avec l’open source ou les forums collaboratifs. Mais cette coopération numérique, à l’origine inclusive et horizontale, a été progressivement hybridée à la logique de performance. Résultat : on coopère, mais à travers des canaux qui créent de l’addiction, de l’isolement ou de la canalisation d’attention (12h/jour d’écran pour certains enfants…).

Vers une robustesse désirable

Le vivant ne cherche pas la performance, il cherche à être robuste. À rester stable. L’humain moderne, lui, a inversé cette logique. Nous avons fait de la performance un idéal, quitte à en perdre notre résilience.

Il est temps de changer de paradigme. Voici quelques pistes évoquées :

🔧 Concevoir des objets réparables, pour moins dépendre des chaînes mondiales

🌾 Privilégier la stabilité au rendement, comme en agroécologie

🧠 Former de nouveaux ingénieurs, qui pensent robustesse avant performance

🧭 Redéfinir les mots :

• Rentabilité = robustesse
• Délai = fiabilité
• Simplification = retour à l’essentiel

Conclusion : vers une transition culturelle

Nous sommes à un tournant. La robustesse n’est pas un retour en arrière, mais une redéfinition du progrès. Ce changement ne viendra pas des institutions dominantes, mais de citoyens et d’entrepreneurs qui expérimentent de nouveaux modèles, plus ancrés, plus humains.

💬 Pour avancer, nous devons accepter d’habiter l’incertitude. D’inverser la fluctuation. De passer de "je veux" à "j’ai envie", de "je sais" à "j’ai une solution". Et surtout, de rendre cette transformation désirable.